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Le fondamentalisme comme défi œcuménique
Du 2 au 9 juillet 2018, L’Institut de Recherche Œcuménique de Strasbourg a rassemblé une soixantaine de théologiens et de délégués d’Eglise de différents pays pour réfléchir au défi que les diverses formes de fondamentalismes représentent pour les Eglises.
Le professeur David Bouillon y était invité comme intervenant chargé de présenter le fondamentalisme en contexte protestant. En effet, c’est au sein du protestantisme américain qu’est apparu dans le premier quart du 20e siècle l’expression « fondamentalisme ». Elle désignait un vaste mouvement de théologiens et de responsables d’Eglises et de Missions qui s’inquiétaient de l’influence croissante d’une approche hyper-critique de la Bible et de la foi. Ces défenseurs d’un christianisme traditionnel et confessant n’étaient pas des farfelus marginaux et radicaux. Il y avait des évêques, des théologiens de renom, des missionnaires réputés… Mais peu à peu ce mouvement va être représenté par des personnalités plus clivantes qui vont durcir les positions, notamment sur la question du créationnisme.
Dans son exposé, le professeur Bouillon est parti de l’utilisation des termes apparentés au fondamentalisme dans le journal Réformés (mensuel des paroisses réformées de Suisse romande). Au fil des numéros étudiés, on constate que dans le langage de nombreux protestants actuels, « fondamentaliste » désigne souvent ceux qui prônent une approche plus classique de la Bible ou qui n’acceptent pas les récentes évolutions en matière éthique. Ce terme est une sorte de repoussoir pour ceux qui au contraire veulent un protestantisme d’avant-garde et pluraliste.
Dans un deuxième temps, D. Bouillon s’est aussi intéressé à différents mouvements proches du protestantisme qui mettent en avant la prière de guérison ou la prière de délivrance. Qu’il s’agisse du mouvement des Bergers à Madagascar ou des séminaires « Libérer » en lien avec le pasteur Gilles Boucomont, on note ici une vision du monde qui rompt avec la compréhension occidentale moderne. On note que ceux qui croient à la guérison ou à la délivrance sont aussi souvent rangés dans la catégorie des fondamentalistes, non pas pour un attachement strict à la Bible, mais parce qu’ils resteraient en amont des Lumières. Le surnaturel que la science avait mission d’expliquer reviendrait en force dans ces pratiques d’Eglise.
Pourtant, pour les chrétiens des pays non-occidentaux, la vision du monde où la foi procure guérison et la prière délivrance, est celle qui s’impose. Le christianisme occidental n’est-il pas privé de dynamisme à rejeter au nom de la raison, l’action actuelle de Dieu ici-bas ? Le fondamentalisme protestant n’est donc pas d’abord un mouvement qui imposerait par la violence ses idées, mais l’expression d’une volonté de ne pas systématiquement suivre toutes les évolutions intellectuelles ou sociales. Cela au nom d’une compréhension et d’une expérience de Dieu qui ne peut se ramener aux seules exigences de la Raison. Le protestantisme confessant (que certains qualifient de « fondamentaliste ») se veut avant tout un élargissement de la pensée à « tout le conseil de Dieu » (Actes 20.27).
David Bouillon, professeur HET-PRO
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