Incertitude/s ou foi ?

Incertitude/s ou foi ?

Plus que jamais nous traversons une période d’incertitudes transformables en doute potentiel ou prolongé. Les repères sûrs peuvent se transformer en bois flottant sur l’eau. Doit-on refuser le doute, positiver, rester optimiste à tout prix ? Est-ce cela que nous nommons la « foi » ?

Bien des annonces nous sont communiquées aujourd’hui sous forme de mauvaises nouvelles, Covid, perspectives économiques complexes, climat en danger, pénurie de psy pour accueillir la demande croissante des personnes en difficulté, vax versus anti-vax, perspectives difficiles pour les jeunes de trouver du travail. Au sommet de l’iceberg, les informations contradictoires. Un jour oui, et le lendemain le contraire.

La Bible nous raconte une histoire étrange où précisément les paroles reçues semblent contradictoires. Dans Genèse 18, Dieu apparaît à Abraham et lui promet un enfant issu de sa femme Sara déjà bien âgée, le fils de la Promesse. Déjà bien difficile à accepter, cette parole d’ouverture est cependant reçue par le patriarche avec sa foi coutumière. Mais que dire au moment où, quelques années plus tard, Dieu lui demande d’aller sacrifier ce même fils de qui, normalement, devrait émaner des enfants plus nombreux que les grains de sable de la mer ? Est-ce le même Dieu qui lui adresse une demande aussi contradictoire ? A-t-il bien entendu ?

Aujourd’hui on dirait peut-être que c’étaient des « fake news », qu’Abraham a mal dû capter. Son réseau était déconnecté, son portable devrait être changé… À l’époque, lui va de l’avant. Oh, en doutant d’avoir bien entendu. Mais il y va parce qu’il obéit tout simplement à la voix de Dieu qu’il connaît depuis si longtemps. La foi traverse le doute et les mauvaises nouvelles. Elle ne nie pas la réalité discordante, elle la transgresse. Seigneur, donne-moi toujours cette foi-là. O

Christian Reichel, Maître d’enseignement en Histoire du christianisme