Vases d’argile, porteurs de l’impossible : Mot d’envoi du doyen de la HET-PRO
Le 2 juillet, lors de la fête de clôture de l’année académique 2025 et de la remise des diplômes, le doyen de la HET-PRO, Michaël Gonin, a partagé un message profond et encourageant. S’appuyant sur l’image biblique des vases d’argile, il a rappelé que le véritable trésor n’est pas dans nos diplômes, nos compétences ou nos forces, mais dans la présence du Christ en nous.
À travers la foi vivante, l’espérance qui naît quand tout espoir humain est perdu, et l’amour qui demeure la voie la plus grande, ce message nous invite à rester fidèles, confiants et engagés. Un appel à accueillir l’irruption de l’impossible de Jésus-Christ dans notre quotidien et à marcher humblement avec Lui.
MOT D’ENVOI
Mais ce trésor, nous le portons dans des vases faits d’argile, pour que ce soit la puissance extraordinaire de Dieu qui se manifeste, et non notre propre capacité. (2 Corinthiens 4.7)
Nirine Jonah, lors d’un temps de bilan avec nos étudiants, nous a décerné, sur la base de ce verset, un certificat d’incapacité – nous rappelant que le trésor, c’est bien le contenu du vase, et non le vase.
Nous cédons facilement à la tentation tentée de mettre dans le vase nos connaissances, nos études, compétences, dons etc. Nous pouvons être fiers (et reconnaissants) de toutes ces grâces – mais ces choses ne sont pas le trésor. Nous sommes peut-être des vases d’argile diplômés, mais des vases d’argile, incapables d’accomplir quoi que ce soit sans Dieu. Le trésor dans ce vase, c’est bien, uniquement, éternellement, « la connaissance de la gloire de Dieu qui rayonne du visage de Jésus-Christ. » (2Cor 4.6)
En 1 Cor 12, après avoir listé tous les dons spirituels dont certains se vantent – à nous ici de mettre ce qui pour nous serait sujet de vantardise ou de sécurité ou de jalousie – Paul rappelle qu’il y a une « voie infiniment supérieure » : la voie de l’amour qu’il développe en 1 Cor 13. Car « la vérité n’est pas une ‘idée’ à penser ou à croire, mais une réalité qui demande à être mise en œuvre. » La foi ne s’acquiert pas ; elle se vit, s’expérimente, se met en pratique.
Après avoir considéré tous nos dons, forces, appels et ambitions, trois choses demeurent, que nous ne pouvons qu’accepter avec gratitude et émerveillement : « la foi, l’espérance, l’amour ; mais c’est l’amour qui est le plus grand.»
Je ne vais pas m’étendre sur l’amour même si elle demeure la plus importante des trois. Je n’aimerais en effet pas la discuter à la légère. Rien n’est plus élevé que l’amour, même quand cet amour s’abaisse pour vivre au milieu de notre humanité.
La foi : une foi vivante que les études peuvent nourrir ou tuer. Si la foi est réduite à une série de concepts ou de convictions qui ne sont bons qu’à être étudiés, on pourrait tout à coup en venir à penser, à la fin des études, que « c’est bon ; je ‘maîtrise’ ». Et alors la foi est bel et bien tuée par les études.
Mais étudier la foi ne la tue que si on cherche à la ‘mettre en boîte’. Si au contraire on la voit comme un don que l’on reçoit gratuitement et qui envoie et dynamise, alors la foi est un point de départ que les études nourrissent, un émerveillement qui grandit au fil de l’étude de la Parole.
Finalement, l’espérance est la réponse au vase fragile. Ellul fait une différence importante entre espoir et espérance : l’espoir, c’est ce côté positif que ‘on trouvera bien une solution’ : confiance en la technique, confiance en l’humain, confiance en les études, la vie etc. L’espérance, au contraire, naît au moment où tout espoir est perdu : « Il n’y a d’espérance que là où plus rien n’est possible. Tant qu’il y a un possible humain attendu, réalisable, accessible, l’espérance n’a aucun lieu, aucune valeur, aucune raison d’être.[2] »
L’espérance est donc « l’insertion de l’impossible[3] » dans notre quotidien. Et la bonne nouvelle c’est que cette irruption de l’impossible dans notre monde a déjà eu lieu. Christ, le truc impossible, impensable, qui ne peut être mis en boîte, est venu.
Alors que les médias et parfois même l’Église veulent soit nous faire paniquer soit nier les problèmes du monde, rappelons-nous que nous sommes des vases d’argile certifiés incapables – mais que l’impossible a eu lieu. Évitons donc de compter sur nos forces, nos diplômes, le pouvoir et nos stratégies – nous jouerions le jeu du Malin. Perdons tout espoir – et gagnons l’espérance. Espérons donc toujours à nouveau l’irruption de l’impossible de Jésus-Christ dans notre quotidien et ses défis. Espérons-le pour aujourd’hui autant que nous espérons son Royaume à venir !
Restons fidèles, patiemment – car la foi est un cadeau dans un monde qui s’agite !
Espérons – car l’impossible a gagné !
Aimons – C’est la voie infiniment supérieure !
Michaël Gonin
[1] Christophe Chalamet, Une voie infiniment supérieure: essai sur la foi, l’espérance et l’amour, Genève, Labor et Fides, 2016, p. 39.
[2] Jacques Ellul, Théologie et technique: pour une éthique de la non-puissance, Genève, Labor et Fides, 2014, p. 341.
[3] Ellul, Théologie et technique, p. 341 suite citation: . Non pas du « pas encore possible ».